senior

Dans Presse

Le shiatsu pour les séniors, quels sont ses bienfaits et comment agit-il ?

Par Le 17/02/2023

Le shiatsu pour les séniors, quels sont ses bienfaits et comment agit-il ?

Lorsque survient un petit bobo ou qu’un mal pesant s’installe un peu trop longuement, il y a deux types de personnes. Le premier va se précipiter chez le docteur traditionnel, espérant une ordonnance l’autorisant à se gaver de pilules comme si celles-ci étaient l’hostie. Le second va au contraire préférer les méthodes alternatives. Et à ce jeu-là, il en existe aujourd’hui des dizaines différentes. Leurs méthodes sont infiniment variées, tout comme leurs applications thérapeutiques et leurs résultats. Certains découvrent une de ces médecines alternatives et ne jurent dès lors plus que par elle.

Si vous appartenez à la deuxième catégorie, vous avez peut-être déjà entendu parler du shiatsu. Cette méthode de massage énergétique d’inspiration traditionnelle développée au pays du soleil levant durant la première moitié du siècle dernier s’est peu à peu imposée en occident. Peu invasive et propice à la relaxation, elle a de quoi attirer même les plus timides dans le camp des afficionados des traitements alternatifs. Que vous soyez intéressé par une séance d’essai ou que vous souhaitiez simplement vous renseigner au sujet de cette discipline, que faut-il savoir à son sujet ? Quels sont ses bienfaits et comment agit-elle sur le corps et l’esprit ? Voici un petit résumé.

Les origines du shiatsu

Commençons par un petit retour historique. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le shiatsu n’est pas une méthode ancestrale, bien qu’il soit fondé sur les bases d’une technique plus ancienne nommée l’Anma. Le shiatsu est le produit d’une période de tourmente au sein des disciplines médicales japonaises, en proie au début du XXème siècle à un affrontement entre tendances rationalisantes au contact de l’occident et réactions traditionalistes plébiscitant les arts du toucher. C’est dans ce creuset qu’apparaît donc le shiatsu. Cette discipline, dont le nom signifie littéralement "pression des doigts", se ramifiera avec plusieurs approches au cours des décennies, et fera des adeptes chez Marylin Monroe ou Muhammad Ali, entre autres ! Tous deux furent en effet soignés par Tokujirō Namikoshi, l’un des pères fondateurs du shiatsu ayant commencé à pratiquer dès 1925 — ces partisans célèbres ayant par ailleurs contribué à populariser la discipline en occident.

S’inspirant de la médecine traditionnelle chinoise, le shiatsu postule l’existence d’une énergie vitale circulant dans notre corps et nommée le Qi (ou Ki). Des déséquilibres du Qi seraient à l’origine d’une myriade de troubles ou de la persistance de ces derniers. Le praticien shiatsu va, à l’aide de pressions des doigts et des mains (parfois selon les écoles en utilisant d’autres parties de son corps), recanaliser et faciliter la circulation de cette énergie le long des méridiens en stimulant des points précis. Si tout se passe bien, les blocages disparaissent et avec eux nos troubles, emportés et évacués dans l’écoulement fluide du Qi.

Comment se déroule une séance de shiatsu ?

Une séance de shiatsu se déroule en général comme suit : après une discussion visant à identifier les troubles à traiter entre le thérapeute et son patient, ce dernier s’allonge dans la position qui lui convient le mieux sur un futon, en gardant ses habits. Ce dernier point distingue d’ailleurs le shiatsu d’autres techniques similaires. L’endroit se veut chaleureux, la pièce demeurant plus ou moins éclairée à la guise du patient. Vous l’aurez compris, il s’agit de créer une atmosphère confortable et propice à la relaxation. À partir de là, le thérapeute prend le relais, manipulant délicatement son patient : lorsque l’on parle de massage énergétique, le mot-clé ici est bien "énergie". Il ne s’agit pas d’un massage au sens où on l’entend généralement. Le contact est léger, presque sporadique. L’écoute est également essentielle, elle est l’une des forces du thérapeute, avec son empathie. Le praticien prend le temps d’écouter ses patients, encouragés non seulement à exprimer leurs symptômes mais aussi leurs émotions durant l’exposition de leurs problèmes, puis ce qu’ils ressentent ou perçoivent lors de la manipulation. Cela constitue un des attraits du shiatsu, les patients pouvant avoir l’impression que leurs problèmes sont ignorés par les médecins traditionnels semblant guidés par une approche plus quantitative que qualitative.

Une séance dure en moyenne une heure, mais il est commun de ne pas voir le temps passer tant l’environnement se prête à la songerie. Les honoraires perçus oscillent le plus souvent entre 50 et 100 euros — et peuvent par ailleurs être couverts par certaines mutuelles. Le nombre de séances jugées nécessaires dépend fortement de la raison de la visite. Il peut s’agir de séances très épisodiques lorsque celles-ci ont une visée routinière, ou au contraire assez rapprochées pour faire face à un épisode de "crise".

Quand recourir au shiatsu est-il approprié ?

Le shiatsu est approprié dans deux cas de figures. D’une part, la discipline a une portée préventive. En favorisant la libre circulation de l’énergie au sein de l’organisme, le système immunitaire se trouve renforcé et plus apte à résister aux assauts de son environnement. D’aucuns comparent le shiatsu dans ce cas de figure à une visite de routine chez le généraliste, et certains profitent par exemple des changements de saison pour s’offrir une séance. D’autre part, il vise à soigner ou du moins améliorer l’état de morbidités spécifiques, dans une optique de traitement ou d’accompagnement des soins, selon le type de trouble visé.

Il est important de noter que personne, et certainement pas un praticien sérieux, ne prétendra pouvoir soigner des pathologies graves comme un cancer. Le shiatsu ne se réclame pas du secteur médical ni même à proprement parler paramédical. Il pourra en revanche contribuer à un rééquilibrage mental et alléger les douleurs causées par une maladie ou son traitement. Il est d’ailleurs utilisé en soins palliatifs, ceux-ci visant précisément à offrir un environnement qualitatif aux patients en fin de vie.

L’anxiété et le stress sont aussi des troubles régulièrement abordés. On peut d’ailleurs supputer que la popularité relativement récente du shiatsu ait à voir avec la tertiarisation de notre société, au sein de laquelle la pénibilité du travail se matérialise dans le stress et les troubles somatiques qui l’accompagnent. Une méthode mettant l’accent sur la détente et le bien-être peut apparaitre pour les salariés comme une aide intéressante mais attention à ce que l'arbre ne cache pas la forêt du management visant surtout à assouplir les mœurs en entreprise et à façonner des employés plus dociles. C’est l’un des reproches que l’on peut formuler à de nombreuses médecines douces par ailleurs, trop heureuses de gagner en légitimité en se rangeant dans la couche que leur prépare le grand capital avec pléthore de stages en entreprise et autres incitations.

Pour les personnes âgées spécifiquement, le shiatsu pourrait donc se révéler approprié dans le cas d’un blues post-retraite par exemple, et plus généralement pour accompagner le traitement de douleurs et souffrances chroniques apparaissant avec l’âge. S’il est compréhensible que certains, peu sensibles à ce type de soins, se montrent sceptiques quant à l’efficacité de cette pratique, sachez qu’elle ne comporte au moins aucun risque : le pire qu’il puisse vous arriver, c’est justement rien du tout ! Néanmoins, tous ceux l’ayant expérimenté témoignent d’un certain bien-être suite à une séance, et des effets notables ont été observés pour de nombreux troubles dont ceux susmentionnés.

Sachez néanmoins que, comme pour beaucoup de médecines alternatives, n’importe qui peut s’établir en tant que praticien : la profession n’est pas réglementée, et rien n’oblige donc à avoir un diplôme. Cherchez néanmoins à consulter avec un praticien ayant suivi une formation agréée par la Fédération Française de Shiatsu Traditionnel. On estime qu’il faudrait au minimum 500 heures de formation pour fournir un service compétent. Et s’il n’existe pas de cadre légal rigoureux encadrant la pratique, notez que l’État a consacré un titre de "spécialiste en shiatsu" que le Syndicat des Professionnels de Shiatsu est habilité à certifier. Par ailleurs, le Parlement européen a reconnu le shiatsu comme digne d’intérêt, à l’instar d’autres médecines alternatives. Certains professionnels de santé agrémentent d’ailleurs leur discipline d’une pratique du shiatsu. Bref, comme souvent dans le cas des médecines alternatives, à vous de vous renseigner au préalable — le moyen le plus sûr de s’assurer de la qualité des services offerts demeurant le bouche-à-oreille.

https://lemagdusenior.ouest-france.fr/dossier-528-shiatsu.html

Dans Presse

Les médecines chinoises s'infiltrent à l'hôpital

Par Le 17/02/2023

A Paris, une vingtaine de services de l'AP-HP intègrent l'acupuncture et le shiatsu, en complément de traitements au long cours.30/BRUHAT Herve

Cela fait des années que Sabine (le prénom a été changé) a des vertiges. Elle est pour cela suivie dans le service d'otho-rhino-laryngologie (ORL) du professeur Georges Lamas à l'hôpital parisien de La Pitié-Salpêtrière. Après deux séances de shiatsu, la sensation de "tête flottante" qui l'incommode a disparu. Le shiatsu, littéralement "pression des doigts", est une technique d'origine japonaise. C'est une médecine énergétique qui vise à rétablir l'harmonie du corps en agissant sur les méridiens, selon les principes de la médecine traditionnelle chinoise.

Sabine fait partie de la trentaine de patients de ce service à avoir suivi des séances de shiatsu. "Cette pratique vise à apporter un complément, voire un réconfort aux patients qui sont en souffrance. La rééducation classique ne soigne pas tous les symptômes : acouphènes, raideurs de la nuque, stress", explique Sophie Jamet, infirmière diplômée en rééducation vestibulaire, à l'origine du projet, qui a démarré il y a un an.

Les patients ont droit à trois séances gratuites, puis trois dans un dispensaire proche. Parallèlement, une fois par mois, des massages sont proposés au personnel. La prochaine étape serait d'évaluer scientifiquement ces données, indique Céline Kilhoffer, cadre de santé. Si les bienfaits du shiatsu sont réels, il reste à les évaluer.

Une étude, en cours d'écriture de procédure, sur l'apport du shiatsu pour atténuer la fatigue liée à certaines pathologies neurologiques comme la sclérose en plaques (SEP), la maladie de Parkinson ou la sclérose latérale amyotrophique (SLA), devrait démarrer au second semestre 2012 dans le cadre d'un programme hospitalier de recherche clinique (PHRC), à l'initiative du docteur Nadine Le Forestier, neurologue à La Pitié-Salpêtrière.

"Cette pratique, qui se veut complémentaire des traitements au long cours, ne pourra être introduite que si elle est officialisée par une recherche thérapeutique rigoureuse", explique le docteur Le Forestier. L'idée est née lorsque ce médecin a reçu un courrier de la fille d'une de ses patientes, décédée. "Cette femme, atteinte de SLA, a vu ses douleurs atténuées par le shiatsu et a eu une fin de vie plus paisible", précise Bernard Bouheret, praticien et enseignant de shiatsu depuis trente ans. L'expérience est également positive pour les parents d'enfants adoptés. Le pédiatre Frédéric Sorge proposait, lorsqu'il était à Saint-Vincent-de-Paul, d'apprendre aux parents adoptifs à toucher leurs enfants avec la technique du shiatsu. Il souhaite poursuivre l'expérience à l'hôpital Necker.

Le shiatsu fait partie des nombreux traitements complémentaires qui font leur entrée dans les hôpitaux. Une vingtaine de services des hôpitaux de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) intègrent la médecine chinoise, médecine ancestrale. Elle recouvre quatre grandes disciplines : la pharmacopée, l'acupuncture, les massages thérapeutiques (tui na, shiatsu), et les pratiques psycho-corporelles (qi gong et tai-chi).

L'acupuncture est par exemple utilisée pour traiter la douleur en obstétrique ou en gynécologie notamment. Le qi gong est proposé aux personnes obèses dans le service de nutrition de la Pitié de Jean-Michel Oppert.

"Notre but est d'identifier quels traitements peuvent être efficaces en intégrant la médecine chinoise à la prise en charge conventionnelle", souligne le Dr Catherine Viens-Bitker, chargée de cette question à la direction de la politique médicale de l'AP-HP. "Cela peut être très utile en prévention secondaire des maladies chroniques, poursuit-elle. J'ai suivi une femme atteinte d'un cancer du sein en chimiothérapie. Elle avait des picotements très forts au bout des doigts, de fortes douleurs dans les mains, et perdait ses ongles. Après une séance de shiatsu et de l'acupuncture, la douleur a disparu, les picotements sont devenus gérables et elle n'a plus perdu ses ongles", explique Maxime Rigobert, praticien de shiatsu.

"50 % des patients en oncologie et 75 % des personnes souffrant d'une maladie chronique ont recours à des médecines complémentaires. Elles ont de bons effets, sont sans toxicité majeure et coûtent moins cher", explique le professeur Jean-Raymond Attali, de la Fédération mondiale des sociétés de médecine chinoise (WFCMS). "Le shiatsu atténue les effets de la chimiothérapie, comme la fatigue ou les nausées", explique Bernard Bouheret. "L'usage montre que cela marche. Il faut maintenant mettre en évidence cette efficacité", ajoute le Dr Viens-Bitker.

Neuf projets de recherche ont été retenus dans le PHRC d'Ile-de-France, qui en compte 900. Un colloque sur la médecine chinoise en milieu hospitalo-universitaire s'est tenu le 16 septembre à La Pitié-Salpêtrière. Les médecines dites complémentaires constituent en outre l'un des points du plan stratégique 2010-2014 de l'AP-HP. "Le but est de faire de ces thérapies des actes du quotidien, pour la santé de nos patients", a affirmé Mireille Faugère, directrice générale de l'AP-HP, lors de ce colloque.

Les réticences restent fortes. Le professeur André Grimaldi, diabétologue, a vivement raillé ce colloque. "Notre rôle est d'avancer dans la connaissance de ces médecines, sans a priori", concède le docteur Catherine Viens-Bitker. Malgré les freins, le mouvement est lancé.

Pascale Santi Article paru dans Le Monde l'édition  du 12.10.11

×