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J'ai testé pour vous une séance de shiatsu pour calmer les douleurs des règles
Face aux douleurs menstruelles, les médicaments soulagent mais seulement pour un temps. Notre journaliste souhaitait calmer ses maux de ventre liés aux règles grâce au shiatsu, une médecine douce japonaise. Et elle n’est pas déçue.
Je souffre, comme beaucoup de femmes, de douleurs menstruelles à la différence que celles-ci sont dues à un dérèglement hormonal survenu il y a deux ans. Avant, je ressentais une légère douleur un jour avant l’arrivée de mes règles, mais depuis que l’arrêt de ma pilule microprogestative, je suis sujette à d’intenses maux de ventre, qui me fatigue et m’irrite énormément. Le tout, sur une période d’une à deux semaines. Au quotidien, je prends, sur les conseils de mon gynécologue, des médicaments anti-inflammatoire pour me soulager. Mais la prise régulière de médicaments n’est pas recommandée, d’où la décision de m’orienter vers une médecine douce qui pourrait m’offrir une solution sur le long terme.
Suite aux conseils de proches, je me suis dirigée vers le shiatsu, une technique de massothérapie originaire du Japon qui utilise le toucher pour rétablir l'équilibre des énergies dans le corps.
Comment ai-je vécu ma séance de shiatsu ?
Mes douleurs se sont atténuées deux jours avant cette première séance. C’est donc sans mal de ventre intense que je me rends chez la praticienne en shiatsu. Ce n’est pas un problème puisque je cherche une solution sur le long terme. La séance se déroule à son domicile, dans une pièce dédiée à cette médecine douce. La lumière abonde l’espace, le rire des enfants, présents dans une cour extérieure, rend l’atmosphère agréable.
La thérapie ne commence pas directement avec les manipulations mais par une discussion. La praticienne en shiatsu me pose quelques questions afin de déterminer si mes douleurs proviennent d’un problème gynécologique, auquel cas je dois m’adresser à un médecin, ou si elles sont dues à une mauvaise harmonie des énergies et si c’est un événement qui a provoqué le dérèglement hormonal.
Après cet échange d’une trentaine de minutes, la manipulation commence. Je m’allonge, habillée, sur le ventre comme pour un massage à la différence que je suis sur un matelas fin placé au sol. Elle commence par suivre des lignes imaginaires appelées méridiens sur l’ensemble de mon corps en appuyant sur des points d'acupuncture. Si certains sont douloureux, le toucher est agréable. Je suis détendue tout le long de la séance. Aspect agréable et inhabituel chez moi : mon flot de pensée ralentit. Je me concentre sur les zones que la praticienne manipule.
Puis, je me retourne et me place allongée sur le dos, les yeux fermés la praticienne poursuit ses manipulations. Je ne subis pas la séance, lorsque j’ai mal, je lui dis. De même lorsqu’un point est agréable. Ce qui me surprend le plus, c’est que ni le bruit extérieur, ni la luminosité (j’ai du mal à fermer les yeux lorsque je suis dans une pièce éclairée) ne me distrait, tout est apaisant. Je suis totalement consciente, me laisse faire sans ressentir aucune gène.
La partie du ventre est plus douloureuse que le reste du corps. Mais contrairement à mes appréhensions, ce n’est pas le bas qui est douloureux mais la zone située en dessous des côtes. La faute à “de vieilles peurs” confortablement installées et qui peinent à s’y déloger, me raconte par la suite la praticienne.
Convaincue par le shiatsu
Après une heure de manipulation, je suis doublement détendue. Non seulement mon cerveau est désencombré de multitudes de pensées mais mon corps n’est plus sujet à des tensions. Je n’ai plus de raideurs dans la nuque ni de douleurs aux articulations du dos. Concernant mon bas-ventre, je ne ressens pas de grande différence, et ce pour deux raisons : mes règles sont finies, donc les symptômes ne sont plus présents et je ne cherche pas de solutions miracle mais un soulagement sur le long terme.
La praticienne m’indique que plusieurs séances, sur un intervalle de trois semaines, sont nécessaires pour calmer progressivement les symptômes menstruels. Je devrais, d’après ses dires, observer une différence dès mon premier cycle. Résultat : je pense aller au bout de la thérapie. Ce qui pourrait tout de même me rebuter est le prix : environ 80 euros. Mais, je souhaite vraiment en finir avec la douleur et le shiatsu m’a, en une seule séance, apporté beaucoup de positif.
Valentine POIGNON https://www.femmeactuelle.fr/sante/medecine-douce/test-shiatsu-douleurs-regles-52133
Le shiatsu pour soigner le corps et l’esprit des ados
Thérapie manuelle venue du Japon, le shiatsu peut compléter utilement la prise en charge d’enfants et d’adolescents confrontés à des difficultés psychologiques.
Au milieu de la salle informatique, une fille est assise en tailleur, deux autres allongées sur le ventre. À leurs côtés, deux femmes et un homme leur prennent le pouls, puis entament un massage en exerçant des pressions sur l’ensemble du corps. Ces praticiens de shiatsu interviennent depuis début 2018 au microlycée Villon, dans le 14e arrondissement de Paris, qui accueille une cinquantaine d’élèves décrocheurs souhaitant reprendre leur scolarité. Phobie scolaire, harcèlement, problèmes familiaux, tous ont traversé des moments difficiles. « La plupart souffrent de stress, d’anxiété, de problèmes de sommeil. Ils bénéficient d’une prise en charge médicale et souvent psychologique à l’extérieur, précise Clément Dirson, professeur de français. L’objectif était de leur proposer un accompagnement différent, passant davantage par le corps. »
Soigner à la fois le corps et l’esprit, tel est le but affiché du shiatsu. Cette thérapie manuelle japonaise prend sa source dans l’une des branches de la médecine chinoise, le massage des points d’acupuncture. « La séance commence par la prise des pouls chinois, explique Marie-Séraphine Vincent, l’une des praticiennes. Nous pouvons sentir la qualité des douze méridiens qui relient tous les organes du corps, ce qui nous permet d’orienter notre shiatsu. » Par un enchaînement de pressions rythmées, le praticien régule les flux d’énergie déréglés par les émotions, le stress environnant, les chocs, les excès. Considéré comme un véritable soin au Japon, le shiatsu se « reçoit » comme un traitement libérant des tensions.
En France, où il a été introduit dans les années 1970, il n’est pas reconnu médicalement. Mais il peut s’intégrer utilement à un protocole de soins, estime Bernard Bouheret, kinésithérapeute et fondateur de l’école de shiatsu thérapeutique de Paris, d’où sont issus les praticiens intervenant au microlycée Villon. « Des médecins en France commencent à s’intéresser à cette technique qui considère l’humain comme un tout. Le shiatsu a une vocation préventive, mais soulage aussi bon nombre de douleurs liées notamment aux maladies chroniques, améliore le sommeil, apaise les émotions, a des effets positifs sur tout ce qui est lié au stress et au surmenage. »
Accessible à tous, il convient selon lui très bien aux adolescents
« Le shiatsu se pratique sur des habits légers, et non sur la peau nue : ce n’est pas un toucher intrusif ni sensuel. » À leur sortie de l’atelier, les élèves confirment : « Je ne suis pas une fana des massages, mais là c’est différent », confie Léa, 17 ans, élève en 1re ES. Souffrant de phobie scolaire et de troubles du comportement alimentaire, elle a décroché pendant huit mois. « Grâce au shiatsu, j’ai vraiment compris que je ne suis pas qu’un cerveau, j’ai pris conscience de mon corps. Avant, quand j’étais stressée, je ne me rendais même pas compte que j’avais mal à certains endroits. Les praticiens m’ont indiqué des points de pression pour me détendre et des exercices de respiration. Aujourd’hui, j’arrive à me calmer seule et à m’apaiser. »
« Moi, ils m’ont dit que j’avais tendance à être bloquée au niveau de la “corbeille”, c’est-à-dire de l’estomac. J’ai appris à écouter mon corps pour canaliser mon stress. Et j’avais tendance à avoir mal au dos, ces douleurs ont disparu », ajoute Anaïs, 19 ans, en Tale ES, qui traîne aussi un passé de phobique scolaire. Nour, 20 ans, s’apprête à pénétrer dans la salle pour la séance suivante. Déscolarisé pendant plus d’un an après une addiction au cannabis, il souffre régulièrement de crises d’angoisse. « Aujourd’hui, c’est ma quatrième séance. La première fois, je sentais une crise monter et dans ces moments-là, je déteste qu’on me touche la tête. J’ai failli ne pas y aller. Finalement, ça m’a incroyablement détendu. »
Cinq ateliers, accueillant entre dix et quinze élèves un mardi par mois, ont pu être organisés l’année dernière au microlycée Villon, qui comptait reconduire l’initiative à la rentrée 2018.
Reportage de Karine Hendriks
Le shiatsu, c’est…
Un soin manuel japonais, qui consiste en un enchaînement de pressions rythmées le long des méridiens pour restaurer la libre circulation de l’énergie. Au Japon, il est reconnu depuis 1955 comme une médecine à part entière.
Des séances en milieu hospitalier
Depuis avril 2014, l’école de shiatsu thérapeutique de Paris intervient à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière auprès d’adolescents hospitalisés dans le service de psychiatrie du Pr David Cohen. « Cette proposition a trouvé sa place dans le cadre de l’approche intégrative sur laquelle nous travaillons depuis toujours, indique la Dre Julie Brunelle. La médiation corporelle peut permettre d’apaiser le niveau d’angoisse des patients. Très rapidement, ceux-ci ont bien investi les ateliers. Ils décrivent un apaisement lors des séances et une amélioration du sommeil dans certains cas. » Les ateliers ont lieu une fois par semaine, pour une quinzaine d’adolescents.
L’école créée par Bernard Bouheret a mis en place des partenariats avec plusieurs établissements hospitaliers. Des praticiens issus de son école interviennent notamment à l’hôpital Necker, dans le cadre de La Suite, un collectif d’associations qui aide à préparer le transfert d’adolescents vers l’hôpital adulte, et organisent aussi des ateliers pour le personnel soignant dans plusieurs hôpitaux parisiens.
Le 18 janvier 2019 https://kaizen-magazine.com/article/shiatsu-soigner-corps-lesprit/